19 junho 2009

Jean-Michel Maulpoix


Dans les rues de la ville, il y a les excréments canins.
La passante d’aujourd’hui téléphone en marchant. Elle porte sur les oreilles un walkman.
La passante de naguère est devenue touriste.
La rue appartient aux « rollerbladers » : à ceux qui circulent et qui glissent, et non à ceux qui cherche ce mystérieux quelque chose qu’on appelle « la modernité ». Ceux qui roulent sur leurs patins ou sur leur trotinette ne cherchent rien : ils jouissent d’eux-mêmes. Voici que la rue s’est changée en salle de jeux ou terrain de sport...
On pourrait continuer ainsi...
« Dans les rues de la ville » : il y a trop de lenteur et de romantisme tardif dans cette expression, trop de flânerie heureuse ou mélancolique. Trop d’état d’âme pourrait-on dire. Trop d’élégie latente. Voilà donc un motif à présent nostalgique qui ne rend compte ni de notre réalité ni de notre vitesse.

Jean-Michel Maulpoix, Dans les rues de la ville ...

Fonte: JMM

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